
Corinne Lamy a un faible pour les chiens des autres. L’aîné de ses chiens, Caprice, appartenait à un ancien compagnon. Titi, qui a aujourd’hui 9 ans, appartenait au suivant. Et Edwige, un border collie croisé de berger australien, a d’abord été choisi par sa nouvelle compagne.
Depuis se sont ajoutés à sa meute Jules, un Jack Russell terrier de 13 mois, et Nocturne, un berger allemand de douze mois avec qui elle rêve de développer de nouveaux numéros.
Corinne Lamy, qui vit à Carleton-sur-Mer, est dresseuse de chiens. Pour le photographe, elle pose avec son Edwige assis sur son dos et faisant le beau. Elle offre ses services pour aider les propriétaires de chiens qui ont des problèmes de comportement par exemple, mais elle fait aussi du cirque, notamment avec le Flying Team, une entreprise fondée par une autre dresseuse de chiens québécoise, Émilie Ménard, de Coteau-du-Lac.
L’entreprise a multiplié ses services depuis quelques années. Elle présente des spectacles en première partie d’événements importants, mais aussi dans les écoles et dans les résidences pour personnes âgées.
« Au début, c’est le rodéo de Valleyfield qui m’a proposé de faire un spectacle avec mes chiens », dit Émilie Ménard. « Au début, j’avais trois chiens. Aujourd’hui, j’en ai dix », dit-elle. Au départ, Émilie Ménard faisait faire des numéros à ses chiens avec un frisbee et de la musique. Mais plus les prestations et les demandes se multipliaient, plus elle a été amenée à varier ses numéros.
Aujourd’hui, elle les fait parfois marcher sur les pattes avant, les fesses dans les airs, faire de la corde à danser et même du skateboard ! Ses spectacles sont devenus tellement populaires, à la fois aux États-Unis et au Canada, qu’elle a dû s’entourer d’une équipe d’une dizaine d’entraîneurs canins, dont fait partie Corinne Lamy.
« J’ai toujours été amoureuse des chiens, raconte Émilie Ménard. Mon père ne voulait pas que j’aie de chiens. Un jour, je me suis cassé un bras en jouant au trampoline. Je lui ai proposé d’échanger le trampoline contre un chien. J’avais sept ans, j’ai appris des trucs à mon chien, et je faisais des spectacles dans mon école primaire », se souvient-elle.
Pour monter des spectacles, il faut être attentif aux caractéristiques de chaque chien, exploiter les forces de chacun. Plusieurs des chiens qu’adopte Émilie Ménard étaient d’abord dans des foyers qui ne leur convenaient pas, et les propriétaires souhaitaient s’en débarrasser.
Transformer des problèmes en forces
L’apprentissage de tours permet parfois de transformer les carences des chiens en force. « Edwige avait de gros problèmes de comportement, raconte Corinne Lamy. Il démontrait des signaux d’agressivité envers ses congénères canins. Ça m’a poussée à me former dans le milieu canin. Au début, je suivais des cours juste pour l’aider, puis finalement, j’ai eu la piqûre et je me suis payé des formations sur les comportements canins, la psychologie canine, les méthodes d’entraînement. C’est devenu une passion. »
L’éducatrice a fini par tirer parti de l’énergie débridée de son chien. « Toute cette énergie-là, qu’il mettait dans les comportements indésirables, est encore là une fois qu’elle est canalisée. Je peux l’utiliser dans des sports ou des tours. Il y a une motivation naturelle dans cette énergie-là. »
« Il y a des chiens qui avaient très peur de l’environnement des humains quand je les ai eus. Je les ai habitués et désensibilisés », ajoute Émilie Ménard.
Reste que les chiens, pour faire les tours qu’on leur demande, doivent sentir qu’ils auront une récompense au bout, une friandise, voire une baignade ou un câlin. « C’est un peu comme avec un petit enfant », dit Corinne Lamy.
Toute cette énergie-là, qu’il mettait dans les comportements indésirables, est encore là une fois qu’elle est canalisée. Je peux l’utiliser dans des sports ou des tours.
Un effet calmant
Les plus vieux, ou les plus calmes, sont souvent davantage utilisés en zoothérapie, notamment dans les résidences de personnes âgées où les spectacles se donnent.
« Souvent, le spectacle se déroule en deux parties : une première pour le plaisir du public, un spectacle qui a un petit effet wow, et ensuite une présentation des chiens plus calmes. On fait le tour et les gens flattent les chiens et nous parlent. Il y a des réactions, il y a un échange et c’est vraiment grâce aux chiens. »
Souvent, les gens qui vivent en résidence pour personnes âgées ont déjà eu des animaux de compagnie et ne peuvent plus en avoir, poursuit Émilie Ménard. « Ce qu’on démontre avant tout, c’est que ce sont nos chiens de famille », dit-elle.
« En tout cas, pour nous, c’est clair que ça a un effet calmant, dit Corinne Lamy. Cela nous oblige à prendre le temps tous les jours de passer un moment avec eux. Pour eux, il n’y a pas le stress de la vie, chaque journée est une nouvelle journée qui recommence à zéro. »
Tout récemment, toute une brigade de chiens de zoothérapie a d’ailleurs été dépêchée par l’Ambulance Saint-Jean à Dauphin, au Manitoba, où un accident de la route a fait 15 morts et 10 blessés parmi une communauté de personnes âgées. « Les membres de la communauté seront en mesure d’interagir avec les chiens, pour recevoir du soutien thérapeutique à travers l’amour inconditionnel des chiens », a alors commenté la directrice des services communautaires à l’Ambulance Saint-Jean, Ruth Howard.