
L’activité consiste à se laisser tirer par un chien attelé à l’humain par une longe de deux mètres. Une chouette façon d’enrichir sa relation avec le meilleur ami de l’homme, de faire de l’exercice et d’avaler des dénivelés sans s’en rendre compte.
«Vous aimez les chiens ? La randonnée en raquettes ? Alors, vous n’aurez pas de problème », assure Hughes, notre guide. « Vous enfilez la ceinture autour de votre taille en vous assurant qu’elle repose bien sur vos hanches, puis vous fixez la longe au harnais du chien. »
Et que les moins sportifs d’entre vous se rassurent : la cani-raquette n’est pas une course. C’est une randonnée qui se fait au rythme de l’humain, et non du chien. Sauf qu’ici, pitou, en bon husky sibérien qu’il est, c’est-à-dire alerte, actif et espiègle, risque de partir à vive allure au début.
« Ce n’est pas au chien de donner le tempo, car s’il commande, après cinquante mètres vous aurez la langue aussi pendante que la sienne. Pour le ralentir, on lance un “oh” convaincant, en se penchant en arrière pour maintenir la corde de trait tendue. » Voilà, les consignes sont données.
Hughes accompagne aussi les touristes pour des randonnées en traîneau à chiens. Détenteur d’un diplôme d’études professionnelles (DEP) en protection de la forêt, de la faune et de la flore, et s’intéressant aux chiens, il a fait le choix d’être un peu moins riche pour vivre sa passion de « musher » jusqu’au bout. Il vit dans une tente de prospecteur avec le strict minimum.
Dans le chenil, les chiens sautillent d’impatience. Une joyeuse meute d’une cinquantaine de huskys prêts à s’élancer dans la pinède enneigée. Des chiens plus habitués à tirer un traîneau qu’un marcheur du dimanche. Mais des chiens intelligents, qui s’adaptent à bien des situations.
Au début, Laïla, la petite chienne qui m’accompagne, n’a qu’une intention : talonner son maître. Mais après quelques fouilles et une montée plus fatigante pour le tireur à quatre pattes que la tirée à deux pattes, une complicité s’établit. Commence alors le plaisir de la marche à six pattes.
En montée, le chien apporte une aide non négligeable. Ce qui permet d’avaler des dénivelés sans s’en rendre compte. Par contre, la descente est plus laborieuse, il faut parvenir à freiner le chien qui a repris son souffle. Petits pas et flexion des genoux sont donc recommandés.
Au dire de parents rencontrés sur place, les enfants raffolent de l’activité. « En cani-rando, c’est la relation avec le chien plus que les beaux paysages qui leur donne le goût de la randonnée, m’expliquent-ils. Et ils apprennent en promenade les comportements canins. »
Appalaches Spa
Nous sommes donc à Saint-Paul-de-Montminy, dans le parc régional des Appalaches, à l’auberge Appalaches Spa. Ce joli complexe de vacances offre l’hébergement en chalet sur les flancs de la Grande Coulée, ainsi que l’accès à toute une panoplie d’activités hivernales et à un spa nordique.
Et les chiens sont les bienvenus, tant dans les chalets que sur les seize sentiers de cette montagne dont le sommet, à 853 mètres, est le plus haut du parc régional. Et peu importe que le chien soit grand, petit, dominé ou dominant, jappeur ou excité, il sera apte à la cani-rando.
« Jadis, l’auberge était surtout fréquentée par une clientèle européenne venue s’initier aux plaisirs de la motoneige, de la raquette et des longues escapades en traîneau à chiens dans des paysages québécois dignes d’une carte postale », explique Lucien Dubé, directeur d’Appalaches — et chef à la cuisine. « Aujourd’hui, notre but est de faire connaître ce site à tous les Québécois. » « En hiver, on y pratique la cani-raquette, la trottinette des neiges et le traîneau à chiens, mais aussi la motoneige — accompagné d’un guide ou non —, le ski de fond, la raquette et la pêche sur glace. Et depuis cette année, la luge alpine. Une dameuse mène au sommet de la Grande Coulée couverte de fantômes blancs. Et de là, on s’offre une descente grisante de 1,9 kilomètre. »
Entre chien et loup
Le moment est venu d’une escale réconfortante. Délassement dans les eaux chaudes ou glacées des trois piscines d’inspiration japonaise, au hammam et dans le sauna finlandais. Il n’y a pas plus génial que ce rituel de bain en plein air à l’heure où les étoiles s’allument dans le ciel.
Puis, on se délecte de la cuisine de Lucien Dubé. Le chef du restaurant de l’auberge, La Chaudière, privilégie les produits locaux, et les offre matin, midi et soir, en de multiples créations. Le mini-burger de chèvre de la ferme Cassis Mélisse, la cuisse de canard confit, salade tiède aux pommes de terre et roquette et les acras de morue, émulsion à l’ail confit sont un pur délice.
Cette nuit, la lune joue à cache-cache avec les nuages. Les météorologues annoncent qu’une « bombe météo » s’abattra demain sur le Québec. Mais on est habitués ici. En attendant, tout est calme, pas le moindre aboiement de chien. Peut-être parce que la lune n’est pas pleine.
Selon une légende tchouktche, le husky serait né de l’amour d’un loup et de la lune. Pour ce peuple sibérien, le husky a l’apparence du loup et porte la queue en croissant de lune. Les soirs de pleine lune, husky et loup hurlent pour appeler la lune afin qu’elle redescende sur terre.
Mais pas ce soir !