
Les
tout
premiers
chiens
domestiques
dont
la
morphologie
se
distinguait
clairement
de
celle
des
loups
seraient
apparus
il
y
a
environ
11 000 ans.
C’est
ce
que
révèle
une
étude
publiée
dans
la
revue
Science
qui
a
consisté
à
analyser
les
crânes
de
643
canidés
ayant
vécu
au
cours
des
50 000
dernières
années.
Dans
le
but
de
retracer
l’émergence
des
chiens,
une
équipe
internationale
de
chercheurs
a
procédé
à
une
analyse
« morphométrique
tridimensionnelle »
très
fine
par
balayage
laser
de
ces
643
crânes
de
canidés
(famille
comprenant
les
loups,
les
chiens,
les
coyotes
et
les
renards)
qui
provenaient
d’Amérique
du
Nord,
d’Europe
et
d’Asie.
Parmi
ces
643
crânes,
150
appartenaient
à
des
chiens
modernes
(dont
47
de
races
reconnues,
36
de
chiens
errants,
22
de
races
mixtes
ou
inconnues),
374
provenaient
de
sites
archéologiques
(comprenant
des
preuves
d’une
activité
humaine)
datant
du
début
de
l’Holocène,
soit
d’environ
11 700 ans,
17
spécimens
dataient
du
Pléistocène
supérieur,
soit
de
50 000
à
12 700 ans,
et
86
étaient
des
crânes
de
loups
modernes.
Les
chercheurs
ont
inclus
dans
leur
comparaison
des
loups
modernes
« parce
que
ce
sont
les
seuls
individus
pour
lesquels
nous
sommes
certains
qu’ils
sont
sauvages »,
a
précisé
en
entrevue
Allowen
Evin,
première
autrice
de
l’article.
C’est
en
comparant
la
morphologie
des
crânes
de
ces
loups
modernes
à
celle
des
autres
spécimens,
que
les
chercheurs
ont
pu
« prédire
l’appartenance
de
chacun
de
ces
spécimens
archéologiques
à
l’une
ou
l’autre
des
catégories »
(loup
ou
chien).
Et
c’est
ainsi
qu’ils
sont
parvenus
à
identifier
les
spécimens
les
plus
anciens
dotés
de
la
morphologie
d’un
chien.
Il
s’agit
de
trois
crânes
retrouvés
sur
le
site
de
Veretye,
en
Russie,
dont
l’un
date
d’environ
11 000 ans.
L’appartenance
de
ces
crânes
à
des
chiens
a
été
confirmée
par
une
analyse
génomique
effectuée
précédemment.
Le
plus
ancien
crâne
ayant
une
morphologie
canine
retrouvé
en
Amérique
du
Nord,
plus
précisément
sur
le
site
Koster
dans
l’Illinois,
date
quant
à
lui
de
8650
à
8250 ans,
précisent
les
auteurs
de
l’article.
Les
17
spécimens
datant
du
Pléistocène
supérieur
ont,
quant
à
eux,
tous
été
associés
à
la
morphologie
des
loups
plutôt
qu’à
celle
des
chiens.
Deux
de
ces
spécimens
qui
provenaient
d’Alaska
sont
âgés
de
34 222
et
13 235 ans.
Loup
ou
chien ?
Mais
comment
la
forme
du
crâne
des
chiens
se
différencie-t-elle
de
celle
des
loups ?
« Au
cours
de
la
domestication,
le
crâne
des
chiens
va
devenir
proportionnellement
plus
court
et
plus
large
que
celui
des
loups
qui
est
très
allongé.
C’est
vraiment
un
raccourcissement
du
crâne
qui
devient
proportionnellement
plus
large »,
souligne
Allowen
Evin,
qui
est
chercheuse
du
Centre
national
de
la
recherche
scientifique
à
l’Université
de
Montpellier.
« Même
si
on
sait
que
la
taille
de
plusieurs
espèces
de
grands
mammifères
a
diminué
au
début
de
la
domestication,
on
ne
se
base
pas
uniquement
sur
un
critère
de
taille,
mais
plutôt
sur
un
critère
de
conformation,
plus
particulièrement
sur
les
proportions
des
différentes
parties
du
crâne.
La
géométrie
du
crâne
est
vraiment
plus
informative
que
juste
la
taille »,
précise-t-elle.
Mais
comment
la
domestication
a-t-elle
changé
la
morphologie
du
chien ?
« C’est
certainement
par
un
mélange
entre
des
facteurs
environnementaux,
l’histoire
des
populations
de
ces
animaux
[qui
ont
suivi
les
anciennes
populations
humaines
dans
leur
migration,
comme
expliqué
dans
Science],
et
de
la
sélection
par
l’humain »,
avance
Mme Evin.
Chose
certaine,
les
chercheurs
ont
remarqué
que,
dès
l’époque
où
sont
apparus
les
chiens,
« on
en
trouve
plein
et
ils
sont
très
diversifiés.
On
trouve
une
diversité
de
formes
de
crânes
chez
ces
chiens
du
début
de
l’Holocène.
En
tout
cas,
la
diversité
qu’on
observe,
et
qui
est
vraiment
très
importante
par
rapport
à
ce
à
quoi
on
s’attendait,
traduit
forcément
une
diversité
d’interactions
différentes »
qu’ont
eues
ces
premiers
chiens
avec
les
environnements
dans
lesquels
ils
ont
vécu
et
les
fonctions
qu’ils
ont
eues
auprès
des
humains,
analyse
la
bioarchéologue.
Cette
variabilité
présente
au
début
de
l’Holocène
est
toutefois
moindre
que
celle
d’aujourd’hui.
« Il
n’y
avait
pas
à
l’époque
ces
formes
extrêmes
qu’on
a
aujourd’hui
comme
le
bouledogue
et
le
Bull
Terrier
qui
ont
des
morphologies
crâniennes
très
particulières »,
fait-elle
remarquer.
L’énorme
diversité
des
chiens
d’aujourd’hui
résulte
en
grande
partie
de
la
sélection
pratiquée
depuis
le
XIXe siècle
pour
obtenir
des
chiens
performants
dans
certaines
fonctions,
comme
la
chasse,
la
course,
la
protection
et
plus
récemment
pour
des
critères
esthétiques.
« Dans
ces
cas-là,
la
fonction
du
chien
a
entraîné
des
modifications
morphologiques.
Pour
les
spécimens
anciens,
on
ne
peut
pas
savoir
la
fonction
juste
en
regardant
le
crâne.
Mais
vu
ce
qu’on
sait
de
la
diversité
actuelle
qui
reflète
les
diverses
fonctions,
on
pourrait
s’attendre
à
trouver
la
même
chose
dans
le
passé,
où
les
interactions
entre
les
sociétés
humaines
et
les
chiens
ont
été
multiples »,
prédit
la
chercheuse.
Même
si
les
plus
anciens
crânes
de
chiens
retrouvés
datent
du
début
de
l’Holocène,
soit
d’environ
11 000 ans,
la
domestication
aurait
probablement
débuté
bien
avant.
« Si
nous
voyons
que
les
crânes
du
début
de
l’Holocène
sont
morphologiquement
ceux
de
chiens,
cela
veut
dire
que
le
processus
[de
domestication]
a
commencé
avant.
Combien
de
temps
avant ?
On
ne
sait
pas.
Même
si
les
très
rares
crânes
qui
ont
été
découverts
durant
la
fin
du
Pléistocène
(qui
s’est
terminé
il
y
a
11 700 ans),
ressemblent
à
des
loups,
cela
ne
veut
pas
dire
qu’il
n’y
avait
pas
d’interaction
entre
les
sociétés
humaines
et
ces
canidés.
Il
peut
y
en
avoir
eu
qui
n’ont
pas
laissé
de
traces
sur
leur
morphologie »,
souligne
la
scientifique
qui
attend les
résultats
d’analyses
génétiques
qui
peuvent
se
faire
sur
de
simples
petits
fragments
d’os.
Généralement
amical
avec
l’humain,
le
chien
est
la
première
espèce
domestiquée
par
l’Homme.
Cette
domestication
aurait
vraisemblablement
eu
lieu
avant
celle
des
plantes
(début
de
l’agriculture)
et
du
bétail
(élevage
des
animaux
de
ferme).
Et
depuis
cette
domestication,
il
n’a
cessé
d’offrir
son
aide
de
multiples
façons
aux
humains
que
nous
sommes.