Reggie est un adorable border terrier qui vénère son maître, Doug. L’ennui, c’est que Doug, lui, déteste Reggie. Non que ce dernier s’en rende compte — même pas après que Doug l’eut abandonné loin de la maison. C’est Bug, un boston terrier errant au franc-parler, qui aidera Reggie à prendre conscience que son bien-aimé humain ne méritait justement pas tout cet amour.

Voici donc Reggie et Bug lancés sur la piste de Doug, flanqués de leurs amis Maggie, une chienne berger australien au flair redoutable, et Hunter, un grand danois anxieux. Leur but ? Que Reggie puisse arracher à son ancien maître son appendice corporel favori. Raconté du point de vue de ces chiens à la langue aussi bien pendue qu’ordurière, Strays (Vagabonds) est une version satirique des films canins sentimentaux.

Non que les quatre protagonistes poilus soient vulgaires à proprement parler, exception faite de Bug. C’est plutôt qu’ils n’ont aucun des filtres dont la plupart des humains sont pourvus. De telle sorte qu’ils expriment tout ce qu’ils pensent comme ils le pensent au moment où ils le pensent.

Il en résulte des échanges souvent aussi hilarants qu’inappropriés.

Écrit par Dan Perrault, créateur et scénariste des séries « documenteuses » American Vandal et Players, Strays s’avère en outre habile dans sa récupération comique des comportements canins typiques (surtout ceux concernant leurs derrières et leurs organes génitaux). On l’aura compris, il est ici question d’un humour strictement potache qui s’assume comme tel.

Malheureusement, le récit devient au mitan quelque peu redondant ; on sent le remplissage narratif. À une heure et demie à peine, Strays trouve le moyen d’être longuet par moments. Par contre, le film n’a pas peur d’aller au bout de ses convictions à la fin, ce qui, dans le contexte donné, se révèle fort satisfaisant : on n’en dira pas davantage.

Produit par Phil Lord et Christopher Miller, créateurs de The Lego Movie (Le film Lego) et producteurs de Spider-Man. Into Spider-Verse (Spider-Man dans le Spider-Verse), le film est réalisé avec compétence par Josh Greenbaum, et on se doute que la tâche dut être complexe avec une distribution presque exclusivement animale.

 

Pour mémoire, on doit à Greenbaum le chouette documentaire Becoming Bond et l’inégale comédie Barb and Star Go to Vista Del Mar.

La filière Elf

 

En version originale, c’est Will Ferrell qui prête sa voix à Reggie, et il est merveilleux. En fait, son interprétation vocale évoque beaucoup l’un de ses rôles antérieurs les plus appréciés : Buddy, dans le classique des Fêtes Elf (Le lutin). On retrouve la même naïveté bienheureuse, la même propension au déni, la même irrépressible bonhomie…

Or, cette candeur offre un contraste parfait avec la nature corsée du texte et rend certains passages encore plus drôles. De son côté, Jamie Foxx est, sans surprise, impayable dans le rôle de Bug, ce petit chien au bagout à toute épreuve. Isla Fisher et Randall Park ne sont pas en reste en compagnons qui hésitent à s’avouer leurs doux sentiments mutuels.

Parlant de sentiments, s’il est une certitude par rapport à ce film irrévérencieux, c’est qu’il est l’oeuvre de gens qui aiment foncièrement les chiens : parodie ou pas, le sous-texte dénonçant les différentes formes de maltraitance est bien réel. Bref, bémols mis à part, Strays fait rire, et même un peu réfléchir.

Vagabonds (V.F. de Strays)

★★★

Comédie de Josh Greenbaum. États-Unis, 2023, 93 minutes. En salle.

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