
La confirmation de la cause du décès de Christiane Vadnais attribuable à l’attaque d’un pitbull a incité l’administration Coderre à précipiter sa décision concernant les chiens dangereux.
Ainsi, une modification sera apportée au règlement sur le contrôle des animaux afin d’interdire les chiens de type pitbulls et «autres races dangereuses». Le maire Coderre n’a pas identifié les autres races qui pourraient être touchées, mais il a évoqué les malamutes, les rottweilers et les dobermans. «Ça va être évolutif. […] Aujourd’hui, on parle du pitbull, mais il y a déjà des experts qui disent: voici, potentiellement, il y a une liste qui existe. Il y a certaines races qu’on doit regarder de façon plus précise», a expliqué le maire. «Le problème est souvent aux deux bouts de la laisse.»
Montréal mettra en place des brigades canines supplémentaires avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), augmentera de façon «significative» les amendes et mettra en place des mesures pour s’assurer de la conformité des bâtiments et des aménagements des cours arrière des propriétaires de pitbulls et autres chiens dangereux. «Il faut vraiment couvrir tous les angles», a indiqué M. Coderre qui dit vouloir éviter que d’autres drames, comme la mort de Mme Vadnais, se reproduisent.
Mais contrairement à la Ville de Québec qui interdira les pitbulls et forcera les propriétaires actuels de se débarrasser de leur animal dans un délai de six mois, Montréal a prévu des mesures transitoires pour ceux qui possèdent déjà de tels chiens. Ainsi, les propriétaires actuels pourront garder leur chien, mais celui-ci devra être enregistré, stérilisé et muni d’une micropuce, en plus de porter une muselière dans les lieux publics.
Montréal compte environ 150 000 chiens, mais seulement 14 % d’entre eux sont enregistrés auprès de la municipalité même si le règlement actuel oblige déjà les propriétaires à enregistrer leur animal.
Denis Coderre a indiqué que la Ville examinera d’autres éléments comme la capacité des propriétaires à posséder un chien. «Un des critères pourrait être la question du casier judiciaire», a dit le maire.
Du même souffle, la Ville de Montréal dit vouloir s’attaquer au problème de la sécurité des cours privées des résidences où vivent des chiens potentiellement dangereux.
M. Coderre n’a pas manqué de rappeler que la victime de l’attaque mortelle d’un pitbull, Christiane Vadnais, s’est fait mordre dans son propre jardin, par un chien qui avait réussi à traverser une clôture mal entretenue.
Le projet de règlement sera déposé au conseil municipal du mois pour une adoption en septembre.
En plus de Montréal et Québec, la Ville de Brossard a également annoncé plus tôt cette semaine qu’elle allait bannir les chiens pitbulls de son territoire.
Une législation provinciale devrait également voir le jour à l’automne. Le premier ministre Philippe Couillard a annoncé jeudi que son gouvernement allait «probablement» suivre l’exemple de l’Ontario et interdire les pitbulls dans la province.
Contestation
La Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal n’a pas tardé à annoncer qu’elle s’opposait à toute interdiction visant une race spécifique.
L’organisme dit envisager tous les recours, incluant une contestation devant les tribunaux, pour empêcher la Ville de Montréal de bannir les pitbulls.
L’administration Coderre mise sur la peur et les préjugés pour faire adopter un règlement «discriminatoire» et «presque impossible» à appliquer, dénonce la SPCA, qui préconise plutôt la mise en place de stratégies d’action et de prévention élaborées par des experts en comportements canins pour contrer les agressions.