
Selon un compte rendu publié par La Presse canadienne du rapport préliminaire produit par un comité créé au début de l’été pour étudier le problème des pitbulls, Québec ne devrait pas interdire ces chiens. Attendons de lire le rapport définitif, mais cette position de départ sent le corporatisme médical à plein nez.
Formé de fonctionnaires, de représentants des municipalités et de la corporation des vétérinaires, le comité proposerait l’adoption d’une loi encadrant la possession de chiens dangereux ou potentiellement dangereux dont elle définirait les caractéristiques, ainsi qu’un processus préalable au fait qu’une bête soit déclarée dangereuse.
Le comité proposerait aussi de mettre en place une procédure de signalement des morsures pour répertorier les cas d’agression.
En parallèle, on souhaite que Québec lance une double campagne de sensibilisation sur les comportements à adopter en présence d’un chien et sur la responsabilisation des propriétaires.
Finalement, le comité suggère que Québec précise que les municipalités pourront adopter des règles plus strictes si elles le désirent.
Si tel est l’essentiel du rapport final prévu pour la fin du mois, et on ose espérer que ce ne sera pas le cas, c’est dire que les vétérinaires ont réussi à faire passer leur vision des choses. Une vision pas très loin de celles de la SPCA, qui refuse par principe qu’on s’attaque à une race et qui craint d’assister à la diminution du nombre d’adoptions de pitbulls abandonnés, ce qui serait pourtant une excellente nouvelle.
Si l’on interprète bien l’approche retenue par le comité, aucune race en particulier ne serait ciblée par la loi. Est-ce à dire que chaque bête devrait être évaluée au cas par cas selon des critères de dangerosité à définir ? Si oui, qui procéderait à une telle évaluation ? Le vétérinaire ? Qui implanterait la puce pour retrouver un pitbull en fuite ? Le vétérinaire ? Et qui procéderait à la stérilisation d’un chien classé dangereux après qu’il aurait mordu le mollet d’un passant ? Encore le vétérinaire.
Ce qui choque dans une telle approche, ce n’est pas tant que les vétérinaires sortiraient seuls gagnants de l’opération, mais que les mesures n’auraient de préventives que le nom puisqu’elles s’appliqueraient à la suite d’un incident malheureux. Sans recensement préalable des races à risque dans la loi, impossible d’intervenir de façon préventive… à moins que les propriétaires n’aillent de leur propre initiative présenter leur Sniper, Satan, Attack ou Mom aux autorités pour qu’il soit déclaré dangereux, stérilisé, tatoué et soumis au port obligatoire de la muselière.
Quant à la proposition de lancer une grande campagne de sensibilisation aux risques de se trouver en présence d’un chien, pourquoi dépenser cet argent ? Depuis toujours, il faut apprendre aux enfants comment se comporter en présence d’un chat, d’un chien ou d’un autre animal. Il est ridicule de croire que nos enfants sauront éviter l’attaque d’un pitbull après avoir été « sensibilisés ».
Il n’y a pas de réel problème de chiens au Québec : il y a un problème de races indésirables de chiens de combat dont la propension à attaquer pour tuer est bien documentée.
On pourrait comprendre que le gouvernement du Québec rejette l’idée d’interdire complètement la propriété d’un pitbull en expliquant que cela ne réglerait pas le problème des autres races dangereuses ni celui des propriétaires convaincus que leur hyène est le plus doux des agneaux.
Cela ne devrait pourtant pas empêcher le législateur de priver les criminels du droit de posséder un chien d’une race jugée dangereuse, d’en interdire l’importation par quiconque, la reproduction, la vente, l’échange, le don et la mise en adoption par la SPCA, et d’imposer des exigences minimales pour tout propriétaire actuel, comme la stérilisation obligatoire, le port d’une muselière et la garde dans un enclos clôturé, fermé à clé et surveillé.
Un chien d’attaque est une arme redoutable dont le propriétaire, sympathique ou criminel, ne pourra jamais prévoir le comportement avec certitude. Or, contrairement aux animaux de nos forêts, nous pouvons choisir les races de chiens avec lesquelles nous sommes prêts à cohabiter, comme nous sélectionnons les races de vaches et de poulets. Et nous devons le faire pour réduire autant que possible les risques d’agressions sauvages du genre de celles dont ont été victimes la petite Vanessa Biron dans un parc de Brossard et Mme Christiane Vadnais, affreusement mutilée avant d’être dévorée par le molosse d’un voisin au lourd passé criminel.