Un animal de compagnie n’est pas un bien de consommation dont on peut se départir en un claquement de doigts. Élever un chien, c’est lui apprendre à être propre, à être discipliné, à faire des tours. Quiconque ayant déjà eu à en élever un est conscient du lot de sacrifices que représente ce compagnon, que ce soit par l’entremise des nombreuses marches, des rencontres chez le dresseur ou de la nourriture achetée. Pas plus tard qu’en décembre dernier, le gouvernement du Québec n’avait-il pas voté la loi 54, qui déclarait que « les animaux ne sont pas des biens », mais « des êtres doués de sensibilité » qui « ont des impératifs biologiques » ?

Monsieur Labeaume affirme qu’en tant que parent, il est de notre devoir d’assurer la sécurité des enfants. Or, pour plusieurs, un chien est un membre de la famille à part entière. Pour certains maîtres, c’est même le bébé qu’ils n’auront jamais, le compagnon indéfectible à travers les contrecoups de la vie et un remède à la solitude. De quelle façon pourront se départir les propriétaires des pitbulls qui ont adéquatement élevé leur chien, sans jamais mettre personne en danger ? L’euthanasie ? L’abandon ? Il s’agit de questions cruciales à régler. Combien de victimes supplémentaires pourraient résulter d’un relâchement inadéquat de ces bêtes anxieuses dans la nature et dans l’environnement ?

Quelques jours après les terribles incidents, plusieurs médias révélaient la criminelle négligence du maître du pitbull et son indécente irresponsabilité. La présente missive ne vise ni à ce qu’on approuve le règlement en question ni à ce qu’on s’y oppose ; il s’agit d’un autre débat. Elle invite simplement l’administration Labeaume à prendre des mesures transitoires dans sa détermination à vouloir éliminer la race, plutôt que d’agir de façon aussi péremptoire et impulsive. Car au bout du compte, ce n’est pas ces chiens qui souffriront le plus, mais bien de nombreux maîtres qui, en 6 mois, perdront une source intarissable d’amour, d’affection et de réconfort avec laquelle ils ont parfois passé de nombreuses années et prévoyaient souvent en vivre plusieurs autres.

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