
Ça fait tout drôle de lire un texte où l’on accuse quelqu’un de « racisme » parce qu’il propose qu’on interdise les… pitbulls. Vrai, le pitbull est une race, quoiqu’il serait plus juste de parler de bâtard, mais l’appel à une réglementation sévère pour en interdire la possession ou la contrôler étroitement relève plutôt du gros bon sens.
Au fil des ans, des dizaines d’attaques sauvages, mais dispersées sur le territoire, ont conduit des municipalités à interdire la présence de pitbulls. Malheureusement, il n’existe encore aucune réglementation à l’échelle du Québec, comme c’est le cas en Ontario. Certaines municipalités comme Sherbrooke qui interdisaient les pitbulls ont même fait marche arrière à la suite de pressions de la SPA et des associations de vétérinaires.
Dans ce dernier cas, on a plutôt étendu la réglementation à tous les chiens dangereux, ce qui paraît sensé au premier abord. Sauf qu’il faut désormais un incident malheureux pour qu’on procède à l’analyse comportementale du chien, avec pour conséquence la recrudescence des attaques.
Ce fut le cas, il y a quelques mois, alors qu’un pitbull confié à la garde d’un coloc s’est jeté, gueule ouverte, au mollet d’une marcheuse (de notre connaissance) dans cette municipalité dont l’actuel maire refuse de revoir sa réglementation. La marcheuse fut transportée à l’urgence, et le molosse privé de dessert…
Selon l’Ordre des vétérinaires, on ne règle rien en interdisant les pitbulls qui, dans les faits, ne seraient pas plus susceptibles de mordre que les autres chiens. Pour preuve, ce sont les chihuahuas qui mordent le plus souvent en clinique, avance-t-on.
Peut-être que les chihuahuas n’aiment pas les vétos, mais dans la rue, dans les parcs et même à la maison, ce sont les pitbulls et autres chiens de combat qui attaquent, défigurent et tuent, comme ce fut le cas de cette pauvre Christiane Vadnais, dévorée par le pitbull d’un voisin la semaine dernière, à Rivière-des-Prairies.
Au lieu d’interdire, il faudrait plutôt obliger les propriétaires de chiens dangereux à faire stériliser leur bête, à leur implanter une puce pour les retracer en cas de fugue et à les tenir en laisse, disent les vétérinaires. Or, aucune de ces mesures ne permet de prévenir les attaques à coup sûr.
D’autres vont donc plus loin en proposant le port obligatoire du harnais, du licou ou de la muselière, et une formation obligatoire pour les maîtres impossible à faire respecter.
À Brossard, on a intelligemment choisi d’interdire carrément les pitbulls et d’imposer des contraintes sévères à ceux qui possèdent déjà l’une de ces bêtes, dont une preuve d’assurance responsabilité de 250 000 $. C’est la voie à suivre. Le problème, c’est qu’aucune compagnie d’assurances ne veut s’engager à couvrir un tel risque. Un risque réel et constant, contrairement à la perception que certains maîtres ont de leur gentil pitou.
Dire de son pitbull qu’on « lui fait confiance » tient de l’anthropomorphisme. Posséder un chien est d’abord affaire de responsabilités, et non de droit fondamental, et chaque propriétaire doit connaître et assumer les conséquences d’un éventuel drame, y compris criminelles.
Devant le tollé, Québec a récemment créé un groupe de travail avec les municipalités. Des dizaines d’êtres humains voient leur vie perturbée de façon souvent irrémédiable à cause de l’irresponsabilité de propriétaires de chiens dangereux. Il y a urgence de réduire ce risque, faute de l’éliminer tout à fait.